Product Inbox 📬 Focus #4 - Etre 1er Product Manager d'une boite : le REX par 10 invité·e·s
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Hello,
J’espère que tu vas bien :)
C’est parti pour une nouvelle édition “Focus” de Product Inbox pour bien démarrer la rentrée.
Pour cette quatrième édition, je te propose une petite surprise !
Le Ticket, un média dédié au Product que j'affectionne particulièrement, s’associe à Product Inbox pour cette édition Focus.
Pour ce partenariat trop cool, Le Ticket va approfondir une thématique spécifique de cette édition dédiée aux premiers Product Managers d’une boîte.
Tu peux choisir cette thématique à la fin de cette édition via un petit sondage :)
Je tiens à remercier chaleureusement mes 10 invité·e·s qui ont consacré du temps pour produire cette édition. J’ai nommé 🥁 :
Arnaud Breton, senior PM chez Datadog (et 1er PM de Sqreen)
Marion Beaufrère, Head of Product chez Luko (et 1ère PM)
Sarah Caruel, CPO et première PM de Karnott
Capucine Borghese, première PM de Lunii
Maxime Dugué, premier PM de DataDome
Jules Bayon de Noyer, PM chez Thiga (et ex. 1er PM de Seraphin)
Clotilde Saintonge, première PM de Waste Marketplace
Hélène Gloux, Lead PM chez Brigad (ex. 1ère PM de Frizbiz et Startup Flow)
Adrien Leger, premier PM de Medelse
Simon Boisnard, 1er PM de Ouihelp
Je tiens à préciser que je n’ai de partenariat commercial avec aucun produit ou service cité dans cette édition. Comme d’habitude, ma volonté est d’apporter du contenu utile et neutre pour t’aider dans ton quotidien :)
DISCLAIMER : pour une même question, tu verras que les réponses de mes invité·e·s peuvent être très différentes.
Et ceci pour plusieurs raisons :
Mes invité·e·s évoluent dans des contextes, cultures et sociétés différentes
Ils n’ont pas tous vécu leur expérience de 1er PM de la même manière 😅
Ils n’ont pas les mêmes backgrounds ni le même niveau d’expérience
Pour réaliser cette édition, j’ai posé 8 questions à mes invités :
Pourquoi recruter un premier PM ?
Quand recruter le 1er PM ?
Quel profil recruter comme 1er PM ?
Comment incentiver un premier PM ?
A quoi s'attendre lorsqu'on arrive comme premier PM dans une boîte ?
Comment réussir son arrivée en tant que premier PM ?
Pourquoi vouloir devenir premier PM ?
Quel environnement faut-il éviter pour un poste de premier PM ?
Les points principaux à retenir 🧠
Un premier PM donne du souffle à une boite qui doit passer son produit à l’échelle tout en évitant “d’oublier” les utilisateurs
Le recrutement d’un·e premier PM arrive généralement après le lancement du Minimum Viable Product pour créer une discipline “produit” dans l’organisation
Le bon profil à recruter pour un 1er PM : au moins 3 ans d’expérience en product
Pour inciter et motiver un premier PM, la prise d’equity est impérative dans une boite ambitieuse ainsi que sa responsabilisation pour faire évoluer la boite
En arrivant comme premier PM, il faut s’attendre à beaucoup d’incertitudes, de l’incompréhension, de nombreux pivots et de la prise de risque
Pour réussir son arrivée en tant que premier PM, il faut analyser son environnement (culture produit en place, historique de construction du produit) et parler à ses utilisateurs le plus vite possible
Devenir premier PM, c’est vouloir participer à une aventure dès le début, aimer le challenge, aimer la vitesse, la prise d’initiative et voir un impact court terme sur ses propres décisions.
Pour choisir son job de 1er PM, privilégier les sociétés dont l’équipe existante a une bonne compréhension de la culture produit
1/ Pourquoi recruter un premier PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Lorsque les fondateurs ont le sentiment et les données qui indiquent qu’il est temps d’accélérer et de déléguer l'exécution de la vision à un·e premièr·e Product Manager. Cela peut aussi être dans le cas où il manque cette compétence produit dans l’équipe fondatrice (pas de CPO).
Sarah Caruel, Karnott
Dans une startup, c’est la course à la croissance et il faut s’assurer que tout euro dépensé ait été bien investi. Le ROI doit être le plus rapide possible, et une mauvaise direction prise sur le produit peut rapidement coûter très cher à l’entreprise.
Pour générer de l’acquisition, il faut que le produit soit attractif pour la cible client que l’on vise. Prendre le temps d’aller écouter les clients, les prospects, et de pouvoir retranscrire leurs problématiques est indispensable. Le résultat final attendu : sortir les bonnes fonctionnalités, au bon moment.
Pour assurer l’adoption et la rétention du produit, il faut que le produit tienne ses promesses : les fonctionnalités et services vendus doivent être de qualité et se différencier de la concurrence.
Ces responsabilités, si un PM n’est pas présent au début de l’aventure, sont assurées par les fondateurs, puis une partie déléguée à l’équipe de développement. Mais dès que l’entreprise commence à avoir des clients, un PM pour prendre en charge ces responsabilités devient vite indispensable.
Capucine Borghese, Lunii
Soit l'entreprise en question est une start-up qui, dès le départ, se positionne autour d’une organisation Produit : dans ce cas le poste de PM arrivera très naturellement dans les premiers rôles pour consolider le développement de l’entreprise. Soit l’entreprise a atteint un certain niveau de maturité et de taille, elle s’industrialise, mais personne ne porte réellement la vision Produit qui est tiraillée entre le Marketing, les Sales, et/ou l’HiPPO (highest paid person's opinion).
Les équipes manquent d’efficacité et de process, le produit manque d’objectivité et d’équilibre, les utilisateurs sont souvent oubliés, et la Tech se retrouve en bout de chaîne à développer “en pure Delivery”. Tout cela pour généralement arriver à des décisions court-termistes et coûteuses sur le long terme. Dans ce cas là, un PM est nécessaire pour infuser la culture Produit en interne. Il ou elle construira une vision Produit et, tout en prenant en compte les contraintes et objectifs des différentes parties prenantes, pourra challenger les décisions en s’appuyant sur les utilisateurs, initier un processus de MVP, poser des hypothèses et des métriques permettant de mesurer et rassurer, acculturer l’organisation… Bref, par ses actions, ce PM fera évoluer la stratégie organisationnelle de l’entreprise.
2. Quand recruter le 1er PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Lorsque la vision de la société se clarifie et qu’un tout début de Product/Market Fit se forme. Avant cela je pense que le risque d’aller dans une direction non alignée (même légèrement) est trop risquée.
Aussi si la vision est trop mouvante cela peut ralentir les itérations et potentiels pivots. Il vaut mieux que l’équipe soit petite est resserrée pour prendre ces virages rapidement.
Sarah Caruel, Karnott
Notre histoire chez Karnott : l’entreprise a été créée sur la problématique métier d’un agriculteur, qui a rencontré un entrepreneur et qui ont commencé avec un MVP très simple pour tester le marché.
Ils ont ensuite embauché une équipe de devs pour faire en sorte que ce MVP soit industrialisable, vendable et utilisable par les clients afin de trouver le Product/Market fit.
L’équipe de développement itérait au fur et à mesure sur ce MVP, en fonction des remarques des clients, des idées de chacun… mais des limites sont arrivées :
Comment prioriser les feedbacks entrants ?
Comment savoir, parmi toutes ces idées, celles qui étaient vraiment percutantes pour le produit ?
Comment passer d’un problème client à une solution et en faire une fonctionnalité ? Personne n’avait le temps ni la compétence pour assurer cela
C’est à ce stade que s’est posée la question de recruter un premier PM.
Maxime Dugué, Datadome
Je dirais au moment où le fondateur en charge de cette partie se sent assez en confiance pour la déléguer progressivement à son premier PM. Ça doit coïncider selon moi à une phase de croissance suite à un lancement de MVP réussi ou tout autre élément qui permet d'avoir une certaine stabilité dans l'entreprise pour que ce changement de gouvernance se passe bien.
3. Quel profil recruter comme 1er PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Selon l’équipe en place et la maturité produit, le profil du PM peut varier.
Lorsque je suis entré chez Sqreen, j’avais quelques années d’expérience. Les fondateurs ont pariés sur moi et sur le fait que je ne venais pas de l’industrie, ce qui me permettait de penser les choses différemment et de facilement passer d’une vision à une autre, sans être enfermé dans un modèle mental pré-établi.
Le plus difficile, je pense, est de trouver l’équilibre entre une personne qui pourra driver le produit et l’équipe pour atteindre le premier Product/Market fit et une personne qui pourra recruter et faire grandir le groupe. Ce mouton à 5 pattes est difficile à recruter.
Jules Bayon de Noyer, Thiga
De mon point de vue ça dépend de deux choses : la taille de la structure et la maturité produit des ses parties prenantes. Pour illustrer je vais prendre deux exemples un peu clichés.
Dans une startup de moins de 20 personnes avec des fondateurs doués d’une certaine maturité produit je pense que c’est intéressant d’envisager un profil junior. Par exemple une jeune personne qui a soif de monter en compétence rapidement et qui ne redoute pas les responsabilités. Cette personne pourrait avoir l'énergie pour exécuter/challenger la vision des fondateurs, assurer ses livrables et se former en continu parallèlement.
À l’inverse dans une plus grosse structure avec une faible maturité produit je recommande plutôt de considérer un profil senior. Les parties prenantes sont plus nombreuses et elles sont plus réticentes à une approche produit. Le travail de gestion de ces parties prenantes est beaucoup plus important que dans la startup décrite ci-dessus. Ce sera sans doute plus simple pour une personne expérimentée de les gérer/convaincre à l'aide de retours d'expériences. Par ailleurs cette personne a sans doute besoin de moins de temps pour effectuer sa veille ou poursuivre sa formation continue.
Capucine Borghese, Lunii
Le profil idéal selon moi est un·e PM confirmé·e ou senior qui coche certaines caractéristiques. Tout d’abord, être “full-stack” Discovery et Delivery est primordial pour implémenter le cycle Produit dans sa globalité. Par ailleurs, je pense qu’une veille continue et une proximité avec la communauté Produit sont très importantes. Puisque le 1er PM est par définition seul·e sur le terrain avec beaucoup de nouveaux concepts à mettre en place, ce réseau est un solide atout pour l’aiguiller au quotidien et lui permettre de mieux rebondir face aux challenges grâce au vécu des autres PM. Enfin, une première expérience antérieure dans une culture Projet est toujours intéressante, pour justement en comprendre les limites. Cela aide à éviter certaines erreurs :-)
Clotilde Saintonge, Waste Marketplace
Selon moi, le premier PM doit être senior mais pas trop.
Il doit être senior (5 ans minimum d'expérience dont 2-3 dans le product) car il doit avoir suffisamment d'expérience pour être 100% autonome dans son métier. Pour ma part, mon CEO n'est pas du tout product donc je n'ai aucun support au sein de ma boite, je ne peux compter que sur moi-même.
L'expérience est également indispensable pour se sentir et être perçu comme légitime de la part des équipes qui ne connaissent pas toujours bien ce métier.
En revanche, il ne doit pas être "trop" senior car un 1er PM doit être assez généraliste, touche à tout et prêt à ne pas faire que du product. Chez Waste Marketplace, je fais de plus en plus de product mais j'ai commencé par faire beaucoup d'autres choses avant de structurer les choses (com, marketing, RH, support…) et je ne suis pas sûre que si j'avais eu 15 ans dans le product cela m'aurait intéressé.
Hélène Gloux, Brigad
Recruter un premier PM, cela intervient souvent à un moment clé pour la boîte, quand tout commence à se bousculer, que le produit prend une dimension autre, et que les personnes qui géraient le produit jusque là ne peuvent plus tout assumer. Choisir un PM avec quelques années d’expérience permet donc à tout le monde de gagner en sérénité même si l’expérience ne fait pas tout. Un profil trop junior ne sera pas forcément assez autonome pour à la fois gérer le delivery, mettre en place des process Produit et travailler sur le “build”.
Au-delà de l’expérience, il me semble important de choisir un PM qui a déjà soit travaillé dans le même univers (typologie de produit ou secteur d’activité), soit vécu les challenges qui attendent la boîte. Personnellement, j’ai rejoint une entreprise qui amorçait un changement de “payment provider”, alors que j’avais pas mal d’expérience sur le sujet, ce qui a évité deux-trois écueils importants pour une jeune boîte.
4. Comment incentiver un premier PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Si le produit est au coeur de la croissance et que la personne doit y mettre beaucoup d’énergie alors je pense que donner de l’equity est un must.
A ce stade le produit est un sujet lourd et crucial pour la réussite du projet et l’équipe doit s’investir à 1000% pour décrocher le Product/Market fit initial.
Sarah Caruel, Karnott
Ce qui m’a vraiment donné envie de rejoindre Karnott en tant que 1er PM, c’est avant tout le sens du produit : il est là pour faciliter la vie des agriculteurs, et chaque personne que j’avais pu rencontrer dans l’entreprise incarnait ce sens et cette envie d’être réellement utile pour la société.
Ensuite, je dirais que c’est aussi de faire comprendre à ce premier PM à quel point son poste est clé. C’est très important de le mettre en avant, surtout pour une start up, pour qui l’embauche d’un nouveau salarié est un coût non négligeable. De comprendre que l’on ne sera pas là juste pour occuper un poste et remplir une mission prédéfinie, c’était très important pour moi.
Sur la partie avantages, rien n’était vraiment explicite mais j’avoue que d’offrir un cadre d’autonomie, de flexibilité dans mon organisation et de me laisser mener ma barque, ça n’a pas de prix !
5. A quoi s'attendre lorsqu'on arrive comme premier PM dans une boite ?
Arnaud Breton, Sqreen
Des changements réguliers de cap, plus ou moins radicaux
Peu de temps pour s’intégrer avec un cadre. Il faut courir en apprenant à marcher.
Beaucoup d’incertitudes avec lesquelles il faut savoir composer et prendre des décisions rapides
Accès direct aux clients, au board d’investisseur et un réseau riche pour apprendre, échouer et réussir à “Mach12”.
Relation directe avec les fondateurs et accès direct à leur vision, la stratégie, leur énergie, leurs inquiétudes. C’est la partie la plus sympa selon moi.
Selon l’équipe, surtout si très technique, peut être de l’appréhension vis à vis du rôle de PM. Prendre le temps de comprendre les attentes et inquiétudes des gens me semble crucial
Tout reste à faire, il faut souvent retrousser les manches et aller sur des sujets périphériques que personne d’autre ne fera. Par exemple product marketing, customer success, event management, etc.
Capucine Borghese, Lunii
Un 1er PM risque d’être considéré comme un chef de projet qui orchestre les développeurs par certains collègues qui au départ ne comprendront pas son rôle. Également, il ou elle pourra se heurter à un certain scepticisme de la part des équipes qui vont perdre en autonomie et décisions sur des sujets qu’elles détenaient jusqu’alors. Il faudra donc que ce 1er PM soit pédagogue et patient.
De même, l'intérêt de la UX Research peut être incompris et estimé comme une perte de temps. Je conseille à ce 1er PM de procéder par étapes, de toujours communiquer sur ce qu’il ou elle est en train de tester, et de répéter, démontrer, répéter, répéter. De base, un PM subit une certaine pression inhérente à sa fonction, mais je pense que cette dernière est accentuée chez un 1er PM. Mais c’est hyper formateur et c’est une jolie porte d’entrée pour former une équipe par la suite.
Clotilde Saintonge, Waste Marketplace
Il faut s'attendre à être seul·e !
Pour ma part, il n'y avait aucune équipe product / tech chez Waste Marketplace à mon arrivée. Nous travaillions avec une équipe de développeurs externalisée. J'étais donc assez seule dans mon métier.
Ce qui est paradoxal c'est qu'on est au carrefour de tous les métiers de la boite, mais qu'à la fois on a personne avec qui discuter de nos problématiques quotidiennes. Je me suis donc tournée vers des réseaux externes à ma boite quand je souhaitais échanger sur des sujets product.
Il faut donc aussi s'attendre à être incompris. Au début, tes collègues ne comprennent pas ton métier, ne savent pas ce que tu fais. Tu dois donc passer du temps pour leur expliquer et prouver ta valeur. Ce point a été d'autant plus crucial pour moi car Waste Marketplace n'est pas une boite tech à la base.
Enfin, pour terminer sur une note plus positive, il faut s'attendre à du challenge et de l'excitation au quotidien ! C'est hyper exaltant de tout créer de 0, de participer à la croissance de la boite et d'être à la fois très proche du CEO et des utilisateurs.
Marion Beaufrère, Luko
Rejoindre une boîte en tant que premier PM, c'est passer beaucoup de temps à écouter. Écouter les fondateurs pour bien comprendre leur vision, écouter les autres employés déjà sur place pour bien comprendre leur façon de travailler et comment vous allez pouvoir interagir avec eux, et bien sûr écouter vos futurs utilisateurs.
En arrivant chez Luko, venant de chez Airbnb, j'ai voulu très rapidement mettre en place des process un peu lourds et un peu cadrés, notamment sur la delivery. Très rapidement, j'ai compris que les développeurs n'avaient pas forcément envie d'utiliser les outils que je voulais mettre en place, ni de suivre des méthodos très rigoureuses, ce qui était logique pour une entreprise de 5 personnes ! Je voulais répliquer ce qui fonctionnait ailleurs, sans prendre en compte les nombreuses différences entre une entreprise comme Airbnb, où le produit est certes roi, mais qui était alors beaucoup plus grosse, et où les besoins produit n'avaient rien à voir avec ceux d'une petite startup comme Luko à l'époque.
Être premier.e PM dans une boîte, c'est avant tout être humble, accepter qu'on ne connaît pas forcément grand chose au domaine pour lequel on va construire un produit (je n'avais jamais souscrit à une assurance de ma vie en arrivant chez Luko), et faire de cette ignorance une force pour penser les choses différemment.
Enfin c'est accepter de prendre des risques. Les premières décisions que vous prendrez en tant que premier.e PM ne seront pas forcément toutes les bonnes. Vous devrez être constamment à l'écoute de vos utilisateurs, comprendre si vous allez dans la bonne direction, revenir en arrière, changer de cap, tout cela pour mieux repartir. En étant ouvert.e et flexible, vous serez capables de naviguer dans ces eaux un peu troubles.
Ne sous-estimez pas à ce moment là la force de la communauté produit et de toutes les autres personnes qui sont passé.e.s par le même chemin que le vôtre. N'hésitez pas à contacter d'autres PMs ayant traversé la même expérience que vous, car ce sont sans doute ces personnes qui sauront vous guider et vous aider à avancer, vous donner des conseils et vous soutenir si vous en avez besoin.
Simon Boisnard, Ouihelp
C'est une place qui est délicate. En tant que premier PM dans une entreprise, il y a déjà des personnes qui ont dû endosser ce rôle là jusqu'ici. Cela signifie généralement que le produit est protéiforme au moment où tu rejoins l'entreprise. Certaines parties sont déjà développées, d'autres sont plus parsemées ou moins abouties (interfaces no-code/low-code, automatisations à la Zapier, dataviz et dashboards...). Le tout est plus ou moins documenté.
Il faut s’attendre à des process peu formels qui ne favorisent pas le fonctionnement optimal de l'équipe de développeurs. Par exemple : pas de "sprints", pas de gestion du backlog, pas de recherche utilisateur, peu de QA, pas de bonne gestion des releases...
Parfois les décisions sont plus priorisées à l'intuition que fondées sur des éléments qualitatifs ou quantitatifs.
Il y a également des visions et des aspirations à faire évoluer l'organisation et le produit qui sont certainement partagées mais pas toujours formalisées ou détaillées dans le temps. Il est plus facile de gérer un premier produit avec un backlog de delivery qu'avec une roadmap claire et formalisée dès les premiers jours.
Il faut donc s'attendre à faire sa place, avec humilité, patience et attention pour gérer un grand nombre d'inconnues et essayer de mettre en place les process et méthodes et d'y faire adhérer les différentes parties prenantes.
6. Comment réussir son arrivée en tant que premier PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Bien comprendre les attentes des fondateurs, des personnes qui portent le produit (si c’est déjà le cas) et des équipes techniques.
Adrien Leger, Medelse
La vision : être préparé un peu comme si tu lançais ta boîte. Si tu arrives dans une boite et que tu n'as pas un minimum de vision / stratégie de ce que tu veux en faire, biaisé soit-il, tu n'arriveras pas à t'imposer.
Un des rôles importants du premier PM, c'est d'analyser le niveau de culture produit dans la boite pour rapidement trouver des solutions pour la faire évoluer. Il faut donc trouver des alliés rapidement.
La cible : ce que je conseille, avant de commencer le job, c'est d'aller voir tes futurs utilisateurs, être aux plus proches d'eux pour commencer à comprendre leur vie. C'est important car ça t'aidera à être moins biaisé et à te rendre compte des biais potentiels de ta future team.
Pour résumé, je dirais de suivre la to do list de l'article de Ken Norton What to Do in Your First 30 Days in a New Role mais puissance 1000. 🤓
Hélène Gloux, Brigad
En tant que premier PM, il faut arriver dans une posture assez humble selon moi : certes, on arrive sur un poste-clé, mais l’équipe ne nous a pas attendu pour délivrer. Le Produit est souvent porté par l’équipe de fondateurs à ce stade, ou par un lead tech qui s’est démené pour tenir la baraque en attendant du renfort.
Pour moi, les premiers temps doivent être dédiés à l’immersion dans le produit, mais pas seulement. Se concentrer uniquement sur le produit, son fonctionnement, sa roadmap, ... serait pour moi une assez grave erreur. Prenez le temps de discuter avec toutes les équipes, de comprendre leur métier, comment elles interagissent avec la personne qui assurait le rôle de “product management” jusque là et avec l’équipe technique, comment elles perçoivent le produit, etc.
Après seulement, déroulez un plan pour vos premiers mois. J’aime assez l’idée des 100 jours empruntés à la présidence américaine. Se donner un cap pour les 100 premiers jours en tant que premier PM, et le communiquer à la boite, cela permet à chacun d’être aligné sur ce que va être sa mission et de se donner un cadre. Bien sûr, rien ne se passera tout à fait comme prévu, mais c’est le rôle du PM de composer avec cela.
Simon Boisnard, Ouihelp
Être à l'écoute, le plus possible. Faire un travail d'ethnologue en profondeur :
Passer du temps avec les utilisateurs, leurs besoins, leurs problèmes
Passer du temps avec les différents managers/fondateurs et comprendre leurs besoins et leurs problèmes
Passer du temps avec les devs et comprendre leurs besoins et leurs problèmes
En parallèle, gérer des petits projets de bout en bout pour mettre la main dans le produit, construire les premières specs et gérer la delivery pour se confronter aux process existants.
Attention à ne pas vouloir aller trop vite :
Ne pas immédiatement penser à construire une roadmap à 5 ans avec une North Star Metric
Ne pas imposer des process et méthodes sans savoir si ça correspond à ce que l'équipe recherche
Ne pas choisir des projets trop ambitieux dans un premier temps (même si cela semble être ce qui a le plus d'impact), ils seront traités avec le temps. Il faut d'abord créer la confiance
7. Pourquoi vouloir devenir premier PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Participer a une aventure humaine extraordinaire et unique dans une carrière. J’ai par exemple eu la chance de participer à YCombinator avec Sqreen
Adhérer à une vision encore mouvante et l’influencer/ la façonner
Apprendre un nouveau domaine fonctionnel et potentiellement participer à sa disruption
Sarah Caruel, Karnott
Pour vivre mon métier comme je l’entendais, pour avoir un impact significatif pour l’entreprise, j’ai réalisé que cela allait de paire avec la structure de l’entreprise : il fallait que je sois la 1ère PM quelque part.
Clairement mon envie était de :
Ne pas avoir le sentiment d’obligation de demander la permission pour prendre des initiatives, mais que cela se passe en bonne intelligence avec les dirigeants
Pouvoir accéder aux clients facilement
Incarner enfin un poste de PM et pas juste un responsable delivery
Adrien Leger, Medelse
Pour faire partie d'une plus petite équipe, avoir moins de problèmes liés à la hiérarchie ou à la politique. Le but étant de se focaliser vraiment sur "pourquoi" on est là !
Autre point hyper challengeant, c'est le mode survie. On doit aller très vite et il n'y a pas de place au superflu. Mais le mode survie c'est avant tout de l'organisation, des process et c'est à toi de les trouver, tester et adopter (et vite).
Marion Beaufrère, Luko
Pour l'aventure !
Être premier.e PM, c'est souvent rejoindre une startup très tôt, peu après sa création ou son pivot. Ce qui veut dire que vous participerez fortement au développement de l'entreprise, dès son plus jeune âge.
Et pas forcément que d'un point de vue produit. Vous aurez votre mot à dire sur la vision de l'entreprise, sur sa culture, et sur la direction qu'elle prend en général.
Vous contribuerez à faire de cette entreprise l'entreprise qui vous correspond, dans laquelle vous vous sentez bien, et où votre potentiel est le mieux exploité.
Bien sûr, parfois ce sera un peu intense, être premier.e PM ou early employee dans une startup, ce n'est pas de tout repos, mais ce sera une aventure à votre image, qui vous donnera, si vous aimez comme moi le challenge, beaucoup de satisfaction par rapport au travail que vous aurez accompli. Surtout quand cette entreprise (votre bébé) sera passé de 5 à 150 employés, comme Luko !
C'est aussi en arrivant en premier.e PM que vous pourrez instiller une forte culture produit, faire en sorte que l'entreprise ne soit pas uniquement 'business driven' mais 'product driven', et que le produit soit la clé de la croissance.
Avant même de lancer le produit, vous serez LA personne qui ira parler aux utilisateurs, les écoutera, comprendra leurs besoins, et façonnera le produit à leur image. Même des années plus tard, vous vous rappellerez sans doute de ces dizaines/centaines d'heures passées à faire des users interviews, et cela vous permettra parfois de vous remettre dans le droit chemin.
Si on cherche à vous recruter pour une startup qui a déjà plusieurs années derrière elle, pensez à poser la question de pourquoi le produit n'a pas été intégré plus tôt. Cela vous permettra de mieux comprendre ce dans quoi vous vous engagez avant de vous lancer.
8. Quel environnement faut-il éviter pour un poste de premier PM ?
Arnaud Breton, Sqreen
Des organisations où le produit n’est pas au coeur de la croissance (agence, produit avec beaucoup de customisation)
Sarah Caruel, Karnott
Structure de boite à privilégier : la start-up
Pour le côté “il y a tout à écrire”
C’est la course à la croissance, et donc le produit doit produire le plus de valeur le plus vite possible
En plus de pouvoir inscrire un vrai rôle de PM, on découvre une vraie collaboration et une sensation qu’avec tous nos collègues, quel que soit notre poste, on veut aller ensemble dans la même direction
Mais attention :
Se demander à quel stade en est la start up : a-t-elle déjà des clients ? Combien ? Sentez-vous que l’entreprise est assez solide ?
Certaines start-up vous offriront un package salarial bien en dessous du marché. Ce n’est pas parce que l’on souhaite rentrer dans une jeune entreprise qu’il faut que vous soyez bénévole. Des entretiens que j’ai passés, j’ai traduit cette sous estime de la valeur du poste par une incompréhension du poste tout simplement. Ne pas hésiter à le soulever si cela arrive
La culture du droit à l’erreur : en tant que 1er PM, on va rapidement être confronté à une certaine solitude et par un manque d’échange que l’on pourrait avoir des paires, et bien des fois, on se plante et on apprend. Si l’entreprise n’est pas ouverte à cela et s’attend à ce que tout soit parfait dès le premier coup, passez votre chemin.
Jules Bayon de Noyer, Thiga
Étant junior, je ne me prononce que pour les 1er PM juniors.
En règle générale, je pense que les structures dont les parties prenantes ont une faible maturité produit représentent un risque.
Quand on est PM junior on doit délivrer des résultats à nos parties prenantes, idéalement effectuer une veille sur le produit pour comprendre dans quoi on vient de mettre les pieds et inévitablement se former en autonomie sur les compétences qui nous font défaut (design, data, business, parmi tant d’autres…).
Ça fait déjà beaucoup de temps de cerveau consommé en une journée.
Mener une évangélisation produit auprès de parties prenantes têtues ou devoir donner les raisons pour lesquelles on utilise telle méthode user-centric par rapport à ce qu’on a toujours fait jusqu’à maintenant peut s’avérer chronophage et douloureux.
Ça laisse très peu de temps de cerveau disponible en une journée.
Je pense qu’il vaut mieux considérer un environnement dans lequel on peut se concentrer sur des tâches produit opérationnelles le temps de comprendre les rouages du métier et monter en compétence. A priori tout.e PM a l’occasion de prendre de la distance par rapport aux opérations et de se confronter à l’art de la gestion des parties prenantes et de l’évangélisation dans sa carrière.
Hélène Gloux, Brigad
Mon principal regret sur l’un de mes précédents rôles aura été de ne pas assez sonder la capacité des fondateurs à lâcher du lest sur Produit, et à faire confiance à l’expérience d’un PM. Pendant le process de recrutement, prenez le temps de poser quelques questions afin de vous assurer que votre rôle est clair, et que vous ne vous retrouverez pas en simple exécutant de la vision micro d’un fondateur trop attaché à son “bébé” (indice : souvent, c’est lui qui a codé la première version de son produit, et il met encore le nez dans des sujets micros alors qu’il a une équipe tech de haute volée).
Maxime Dugué, Datadome
Je pense que la question clé à poser en entretien à l'entreprise est justement "pourquoi" ils veulent un PM. Quitte à réitérer la question jusqu'à ce que les intentions et vision vous semblent claires (un peu comme une user interview).
9. Pour aller plus loin
What to Do in Your First 30 Days in a New Role, Ken Norton
How and when to hire your first product manager, Techcrunch
Joining as the first product manager, Lenny Rachitsky
My Learnings As The First Product Manager at a Startup, Akshat Khanna
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